mercredi 7 octobre 2009
les vaches et le financier
Les vaches et le financier
Six vaches ruminaient
Au lieu dit « les six prés »
En lorgnant l’autre pré
Où poussait un cyprès…
Passe alors un banquier :
« Mesdames, s’il vous plait,
Je puis vous faire un prêt
Pour quérir ce cyprès
Que vous rembourserez
En six traites acceptées… »
Le contrat fut signé
Mais aucun bovidé
Ne goûta au cyprès
Car le prêt fut brouté :
Moralité :
Dès que banquier vous veut du bien
Même cyprès se fait si loin…
Le blues de l'académie
Le blues de l’académie
Assis en terrasse d’un café
Deux académiciens réputés
Faisaient assaut de connaissance :
« Notre école désespère la France,
On ne sait plus rien d’hérodote
De Pirelli ou d’Androthérote… »
« Tout à fait… Le savoir n’est que vétille
Pour nos jeunes , Valmy est une pastille,
Le grand Colbert un palmipède
Et Andromaque un vil remède… »
Un étudiant agacé par ces échanges
Qu’il jugeait bouffons et étranges
Se décida à parler à son tour
Sur le ton redouté de l’humour :
« Que de savoir, que de culture,
Vous devez sublimer l’écriture ? »
« Si nous la sublimons… Oui bien sûr ! »
« Alors vous ne pouvez ignorer ce trait
D’un anonyme orléanais :
Verlaine vaut mieux Villon.
Que d’érotisme dans l’expression ! »
L’académie privée de ses repères
Ne savait trop comment se refaire…
« Peut-être préférez-vous le peinture,
Ce mot de Braque, une valeur sûre :
Mieux vaut chien Braque que Chagall ! »
L’académie vira du gris au pâle.
« Mais Braque n’a jamais peint de chien ! »
« Et pourtant il parlait si bien du Titien :
Le Titien aboie et le Caravage passe ».
L’académie rétrécie était lasse.
« Mais à la fin que souhaitez vous dire ? »
L’intervenant prit le temps d’un sourire :
« Mais que tout pouvoir a grand besoin d’humour ! »
L’académie s’en fut d’un pas de calembour.
Alain Prunier.
mardi 6 octobre 2009
La pirouette du Hérisson
La pirouette du hérisson
Par un de ces hasards dont la vie est friande,
le glabre et le piqueux tous deux de Brocéliande
tombèrent nez à nez : « Que faites-vous céans
avorton de reptile autant que malséant ? »
« Je vaquai, voyez-vous, à mes occupations
cherchant terrain propice à mes excavations
et vous-même, quel sorte de vent vous amène ? »
« Une faim terrible qui me rend peu amène… »
La bestiole hérissée, comme chacun le sait,
Rafolle des lombrics et le nôtre y pensait :
« Il… il se murmure beaucoup en terres alentours,
que vous seriez inapte aux choses de l’amour
quand il n’est, à dire vrai, de poses érotiques
qui ne soient familières à mon corps élastique… »
« Me feriez-vous, ici, un procès d’attention ? »
« Non point j’attirais juste votre attention. »
« n’aurais-je tant vécu pour cette infamie… »
« Alors n’hésitez plus, chassez ce discrédit,
un roulé-boulé, même très ordinaire,
prouverait, c’est certain, un réelsavoir-faire. »
Amusé par ces mots, l’animal s’élança,
Mais dans l’épaisse glaise, longuement pataugea.
Cette histoire finit malpour notre hérisson
Car s’enfuit le lombric et, tous les vers y sont.
Alain Prunier.
lundi 5 octobre 2009
Pierre et Jules
Pierre et Jules
Un corbeau désoeuvré
baillait aux corneilles ;
« Rien, rien à dénigrer
depuis l’avant veille,
le métier se meurt
Je m’en vais émigrer… »
« Ce serait grand malheur
que vous emigiez »
lui souffla un renard
maraudant au hasard
« Mais je me sens si las ! »
« Ce sera pire ailleurs ! »
« Que faire dans ce cas ? »
« Je suis un peu docteur
en psychanalyse
et puis traiter la crise
si vous êtes d’humeur…
parlez-moi de vous,
quelle enfance eûtes-vous ? »
« J’étais corbeau unique
et mon père alcoolique
tua un jour ma mère… »
« Ppourquoi ce fait d’hier ? »
« Dès les primes mâtines
elle lisait Racine
que mon père jalousait
depuis bien des années… »
« Et que devint papa ? »
« La cirrhose l’emporta ! »
« Le malheur, a mauvais goût ! »
soupira le goupil roux…
En quittant l’oiseau en deuil
Espéré en demi-deuil.
Moralité :
Peu de renards freudiens
déjeunent à leur faim.
Alain Prunier.
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