mardi 8 décembre 2009

La ballade des statues



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La Ballade des statues

Un soir que les orages agaçaient les esprits
S’éveillèrent soudain les statues de Paris
« Et si nous décidions de partir en goguette
En faisant de cette nuit nos dimanches et fêtes ! »
Les belles, fatiguées de la pose imposée,
Saluèrent la nouvelle comme la bouche le baiser
Et dès l’ultime clef tournée par les gardiens
Chantèrent liberté en entraînant les chiens.
Les passants qui passaient manquèrent trépasser
En croisant, tour à tour, une nymphe pressée
Par un Casanova, Louis XIV au galop
Qui remontait l’histoire, bousculant tout pâlot
Un Musset souffreteux face à une officine
Qui vantait les vertus des dernières médecines
Et le lion de Belfort, virilité dehors :
« Les, … bestioles de Vincennes c’est à l’est ou au nord ?
Le Zouave, les pieds nus sur une chaufferette
Qui sirotait un grog en sifflant les jeunettes
Et Jeanne d’Arc déchaînée sur le roi Charles VII
Sous les yeux égrillards de poulbots à sucettes
Le penseur de Rodin à sa Onzième bière
Levant enfin le coude un peu plus haut qu’hier
Cependant que la louve, louveteaux aux mamelles
Se gavait de pigeons fuyant à tire-d’aile
Montaigne s’égosillant en justifications
« Puisqu’une vieille rumeur me fait réputation
De préférer les hommes aux femmes qu’on croise ici
Je vais faire un essai… avec la Boétie ! »
Ronsard en piétinait des pléiades de roses :
Carpe Diem, j’avais raison, enfin il ose ! »
Et Mozart qui riait de son rire bien à lui
« Et si on se faisait une petite musique de nuit »-
La piéta soupirant : « que la vie est étrange
Mon sculpteur de famille s’appelle Michel Ange ! »
Dès les primes lueurs chacun reprit la pose
Et ceux qui s’éveillaient demeurèrent bouche close
En oyant les récits des récitants des nuits
Aux paupières bleutées de ces rêves enfuis.

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